Fondements de l'Institut SocioAnthropoesis - ISA
Presentation of SocioAnthropoesis Insitute
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L’Humain au cœur de nos activités
Le « SocioAnthropoesis[1] Institute » - SAI [ou l’Institut SocioAnthropoesis – ISA] est le fruit de nos rencontres professionnelles, au niveau européen et international, depuis une quinzaine d'années. Dans ce cadre, nos travaux ont souvent porté sur le travail social pris au sens anglosaxon du care (caregiving) : « souci (soin) de l'autre », volontairement associé à l’inscription inclusive de l’individu ou du groupe dans son environnement institutionnel, sociétal ou global. Une telle perspective participe bien du processus d’humanisation selon lequel l’humain, être inachevé à sa naissance physique, poursuit sa réalisation au travers de son conditionnement social et culturel (l’anthropogenèse)[2] et de sa situation interactionnelle : une seconde naissance, plutôt sociale (l’anthropo-poïèse) [3]. Dans cette vision, l’Humain est tout autant une création collective qu’une autocréation (individuelle) : un être à la fois participant et individuant selon une articulation variant en fonction de l’espace et du temps[4].
Fondé sur cette dualité ontologique anthropologique, le travail social a pour objet le soutien et l’accompagnement de la personne, ici et maintenant, en contribuant à la résolution de la question sociale, celle du bien-être de chacun en société. C’est pourquoi, tout comme l’intervention sociale, son pendant politique, il est adossé aux droits humains et aux valeurs humanistes; il met en œuvre le respect et la dignité de la personne. Il a donc en partage avec les sciences humaines la fabrication de l’Homme en situation sociale et environnemental désormais.
Pour autant, en se réifiant de nos jours, le travail social s’éloigne de cette vocation fondamentale pour n'être plus qu'un instrument de positionnement institutionnel ou politique voire personnel. Il importe alors de revenir aux sources du care en tant que fabrication sociale de l’Humain. En effet, d’autres formes ou domaines d’actuation du principe Humain existent, au-delà même de l’action sociale stricto sensu. Des sociétés traditionnelles aux contemporaines, il n’est pas de lieu où ne se pose la question de la réalisation sociale et interactionnelle de l’Humain. Qu’il s’agisse des lieux conventionnels de prise en charge telles que les institutions éducatives, de tiers espaces de vie organisés ou informels comme les entreprises, les associations, les communautés, les familles...
Mais, ici comme ailleurs, nous relevons des signes de rétrécissement de cet humain fondamental. Des situations de violence, de pression, d’humiliation, d’indignité, de mépris… avec leurs lots de traumas, se constatent ici et là dans diverses instances institutionnelles et ordinaires de la vie comme le décrivent si bien les philosophes Olivier Abel ou Cinthya Fleury[5]. C’est dans ce contexte de déshumanisation ontologique et éthique, qualifié de "brutalisme" par le politologue Achille Mbémbé [6], que s’organise l’action du SocioAnthropoesis Institute : ramener ou faire vivre la préoccupation de "l’Humain" au cœur des activités institutionnelles ou de la vie d'un collectif.
C’est dans ce sens que nous parlons de réenchanter voire de "réhumaniser" nos institutions ou nos espaces de vie en général. Nous considérons ainsi l’Humain, avec grand « H », dans son élément socio-ontologique, comme la référence fondamentale de toute action institutionnelle. Concrètement, c’est la valeur ultime s’incarnant dans la personne physique et morale, individuelle et collective, en tant qu’être vivant tenant de l’ensemble global de nos écosystèmes.
Pour donner corps à cette vision, en développer et proposer les fondamentaux auprès des acteurs individuels ou collectifs, privés ou publiques, informels ou institutionnels, bénévoles et professionnels… soucieux de réenchanter l’Humain dans leurs espaces de vie ou d’activités, nous envisageons plusieurs modalités d’intervention allant de la sensibilisation à l'accompagnement en passant par la formation (continue, professionnelle ou initiale).
Nous nous appuyons pour cela sur une équipe internationale et pluridisciplinaire, dotée de ressources et compétences nécessaires ; elle est prête à se mettre au service des individus, des familles, des associations, des institutions privées ou publiques… qui souhaiteraient remettre du sens humain au cœur de leur vécu ou leur engagement par rapport à des situations ou des objectifs de vie ou d’action spécifiques ou généraux.
L’institut SocioAnthropoesis – l’ISA - est une plateforme de formation et d’accompagnement ayant elle-même aussi vocation à organiser des instances en lien avec son projet d’action « l’Humain au cœur de nos activités ». Ces espace-temps font l’objet d’une programmation annuelle diffusée dans nos réseaux institutionnels, professionnels et citoyens.
Enfin, l’ISA est aussi un think tank, à savoir un groupe de réflexion, d’étude et de recherche autour de la question de l’Humain au cœur des activités institutionnelles, entrepreneuriales… Il peut donc être sollicité comme conseil ou être associé à des projets d’action comme force de proposition auprès d’acteurs privés ou publics, en présentiel, distanciel ou hybride, en fonction des contenus, des besoins ou opportunités.
[1] SocioAnthropoesis : « socio » du latin socius signifiant « lien entre personnes » ou « groupe », « Anthropo- » du grec anthropos « être humain » ou « Humain », et « poesis » tiré du latin poiêsis voulant dire « faire », « créer ». Nous souhaitons par cette dénomination mettre en avant l’idée de la fabrication sociale, culturelle et interactionnelle de l’Humain physique, autrement inachevé.
[2] Terme signifiant la « naissance sociale » propre à l’homme, cet être incomplet à sa naissance physique : P. Laburthe-Tolra, « les fondements des problèmes d’identité, anthropologie sociale », In Journal des Africanistes [en ligne], 77-2 / 2007, p.2
[3] Il s’agit d’une expression traduisant l’idée que l’homme, un être inachevé, continuant à se construire aux confluences du social, du culturel (anthropos) et du naturel (éco) : Francesco Remotti, Fare umanita. I drammi dell’antropo-poiesi, Roma-Bari, Ed. Laterza, 2013. Voir aussi in F. Affergan, S. Borutti, C. Calame, M. Kilani et F. Remotti, Figures de l’humain : les représentations de l’anthropologie, Paris, Editions de l’EHESS, 2003, pp. 13-14 ; et Claude Calama, « La question de l’identité : pour une sémantique éco-anthropologique », Actes sémiotiques, n°123, 2020
[4] P. Mayoka, La représentation de la personne parmi les Bakoongo : individuation et participation en anthropologie, Thèse de doctorat, Fac des Sciences Sociales, Univ. des Sciences Humaines de Strasbourg, 1995.
[5] O. Abel, De l’humiliation : le nouveau poison de notre société, Ed. Les Liens qui libèrent, Paris, 2022 ; C. Fleuri, La clinique de la dignité, Ed. Seuil/La République des Idées, Paris, 2023.
[6] A. Mbembe, Brutalisme, Ed. La Découverte, Paris, 2020.